Nous avons rencontré Frank Houben, le PDG d'Aptus et nous en avons profité pour lui poser quelques questions.
Bonjour Frank, pourrais-tu te présenter à nos lecteurs ?
Mon nom est Frank Houben, j'ai créé Aptus il y a 11 ans environ. Ça a démarré comme une blague ! J'ai donné à plusieurs personnes quelques produits qu'elles ont utilisé dans l'agriculture urbaine. Ces personnes ont tellement apprécié ces produits qu'elles nous ont demandé de les commercialiser. Aptus vient de là ! Je suis issu du monde agricole et notre philosophie est de produire une nourriture de qualité pour les consommateurs : de meilleurs fruits et légumes, avec un taux nutritionnel élevé et un taux de résidus chimiques le plus bas possible.
Tu devances notre seconde question : quels sont les buts d'Aptus ?
Nous en sommes toujours aux premiers pas. L’essentiel est l’éducation. Nous devons former/informer les jardiniers, les producteurs de fruits et légumes, les distributeurs et le client final. Les gens doivent être conscients de ce qu'ils mangent. Pour cela ils doivent savoir comment ces fruits et légumes sont produits. Nous leur apprenons également comment appliquer les bons produits afin d’obtenir de bons résultats. Il y a un gros travail d'éducation à faire, car beaucoup ont été formés vers une agriculture traditionnelle qui est dominée par les produits chimiques et les pesticides. La plupart des agriculteurs/cultivateurs ne connaissent pas les alternatives possibles. Nous avons donc créé Aptus dans l'idée de fournir cette alternative, et surtout de pouvoir libérer les agriculteurs/cultivateurs de leur dépendance aux produits chimiques et pesticides. En fait c'est ça la vraie mission d'Aptus.
Quelle est la différence entre vos engrais et additifs et ceux de la concurrence ?
Ce que nous essayons de faire est d'imiter la nature. Beaucoup d'agriculteurs et de jardiniers ont oublié comment la nature fonctionne en utilisant massivement des engrais chimiques et des pesticides. Nous essayons de réintroduire les bases de la vie. Ces bases ont disparu de l'agriculture et cela crée des problèmes. Nous avons choisi trois "briques" de base, la première est l’acide silicique monomère, qui est la forme bio-disponible de la silice (Si). La seconde est une partie peu connue des besoins des plantes que sont les protéines sous forme d’acides aminés lévogyres. La troisième est la micro-vie du sol (bactéries et champignons). En résumé, nous donnons de la silice, des acides aminés/protéines et une micro vie au substrat. C'est comme ça que la vie démarre dans un sol. Dès que ces trois blocs sont introduits dans un sol, tout change : vous avez une vie qui se crée, les niveaux de nutriments sont mieux équilibrés et on évite pas mal de problèmes. Cela donne des fruits et légumes en bonne santé et donc une nourriture saine. Si vous mangez continuellement une nourriture de mauvaise qualité, vous devenez malade, c'est aussi simple que ça. Pour une plante c'est la même chose. Je ne dis pas que les agriculteurs et jardiniers sont hermétiques à ces idées, mais ils hésitent à appliquer ces nouvelles techniques. En prouvant que nos produits marchent, on leur donne confiance. Les agriculteurs doivent être les responsables de notre santé en tant que fournisseurs de fruits et légumes sains. Pour le moment ce n'est pas toujours le cas, hélas.
Si tu devais conseiller une gamme d'engrais et d'additifs à un jardinier débutant qui utilise la terre comme substrat : Hormis les produits Aptus, que lui conseillerais-tu ?
Je n’ai pas une réponse précise. Je pense qu'il faut qu'il choisisse le type d’ingrédient en fonction de l’origine et la concentration des différents produits disponibles sur le marché. Il y a un choix à faire entre les engrais d'origines minéraux/chimiques et les engrais d'origines organiques/biologiques. La nature utilise des systèmes bio, donc je lui dirais d’opter plutôt pour des produits organiques avec des biostimulants adaptés. Aussi le principal conseil que je donne est de ne pas en faire trop... Une erreur classique est de surdoser les engrais. Donc si il choisit des produits concurrents je dirais qu'il faut être attentif à ce que les composants des engrais soient organiques/bio ainsi que leur provenance : sont-ils "propres" ? C'est beaucoup plus important que d'acheter un engrais dans une belle bouteille avec une jolie étiquette.
Aptus indique sur sa page internet que ses produits sont à 100% d'origine biologique. En général les engrais et additifs organiques ne fonctionnent pas dans un système hydroponique. Est ce qu'il est possible d'utiliser Aptus dans un système 100% hydro, et si oui quels produits ?
La plupart de nos produits sont 100% organiques/bio mais ce n'est pas le cas de tous. La plupart des systèmes hydroponiques sont construits pour fonctionner avec des engrais et additifs minéraux. En gros dans un système hydro il te faut une sonde de pH, une sonde d'EC et des engrais minéraux. Ensuite les plantes pourront pousser. Avec ce système on peut produire jusqu’à 70 tonnes de tomates par hectares, mais ces tomates sont très souvent d’une qualité inférieure et n'auront pas de goût. Disons plutôt qu’on veut en faire 50 tonnes par hectare mais de bonne qualité et avec un bon goût. Mais comment faire ça ? C'est une question que beaucoup de cultivateurs se posent à l’heure actuelle. A mon avis c'est à ce niveau que les gens doivent être formés.
OK mais alors quel produit utiliser : le All-in-One-Liquid d'Aptus ?
C'est possible, car le All-in-One Liquid ne contient que des composants minéraux d’une pureté supérieure. Mais il y a pas mal de paramètres auxquels il faut faire attention, et ça dépend aussi du système hydroponique qu’on utilise. Par exemple : quand tu fais du café, tu ne gardes pas le café pendant une semaine dans la cafetière. C'est identique pour les nutriments pour les plantes : il ne faut pas les laisser dans une solution hydroponique une semaine ou plus. Car avec des composants organiques/bio, on risque d’avoir des précipitations/suspensions dans la cuve des nutriments qui peuvent finalement boucher les goutteurs du système. Dans un système hydro, si on applique des nutriments organiques/bio, il faut changer totalement sa solution tous les deux, voire trois jours maximum. Si on utilise des goutteurs il faut des diamètres de 4-5 mm car ceux de 1-2 mm vont se boucher assez vite. On peut sans doute cultiver en hydroponie avec des engrais organiques/bio mais il faudra modifier et adapter une partie du matériel. Ça dépend beaucoup des paramètres de culture et du système. Je recommande surtout de partir avec des goutteurs de 4-5 mm et ne pas laisser les nutriments dans la cuve plus de 2-3 jours. Et naturellement pour moi, les meilleurs produits sont d’origine organiques/bio.
Est-ce que tu recommandes d'utiliser le Super-PK d'Aptus ou le P-Boost et le K-Boost séparément ?
Quand on a démarré il y avait surtout le PK 13/14 sur le marché. C'est ce produit que le consommateur connaît. Donc la meilleure manière pour nous d’entrer sur le marché a été de faire un produit comme le Super-PK. Nous l’avons mis dans notre programme de nutrition débutant. En revanche, dans notre programme de nutrition pro, nous recommandons d’appliquer séparément le P-Boost (phosphore) et le K-Boost (potassium). Nous essayons de montrer qu'il vaut mieux séparer le P et le K. La question est : si on met un engrais PK au début de la floraison, il peut y avoir un problème d'excès de potassium pendant la floraison. Un excès de potassium entraîne un blocage du magnésium. C'est pour cela qu'on a décidé de séparer le P et le K dans notre programme pro. On pense que pour un bon jardinier c'est plus avantageux et ça lui permet de jouer sur les dosages afin d’obtenir les meilleurs résultats. En résumé, le Super-PK était la première étape il y a déjà plus de 10 ans, séparer le P et le K est mieux et plus pro. Tout le monde ne peut pas conduire une formule 1. Pour cela il faut être formé ! C'est pareil pour les engrais. Une bonne formation donne plus de compétences aux cultivateurs et leur permet de mieux appréhender le sujet, et finalement avoir de meilleurs résultats
Entre la terre, le coco et l'hydroponie pure, si tu avais à choisir un seul substrat pour tes plantes, lequel choisirais-tu ?
La terre ! Enfin…ça dépend aussi de l’environnement et de la quantité de plantes qu’on veut cultiver. Avec peu de plantes, je choisis la terre sans hésitation. En revanche, si la situation implique de cultiver en hydro je préfère la fibre de coco à l’hydroponie pure parce que c’est plus facile à gérer. En hydroponie, si tu fais une erreur, ça ne pardonne pas et tu risques de brûler les plantes. La terre à un effet tampon. Donc même si tu fais une erreur, tu endommageras beaucoup moins tes plantes. Tout est une question de compromis, c'est la même chose entre choisir le minéral et le bio : qu'est ce qui est mieux pour la planète ? Qu'est ce qui donne le meilleur résultat ? On cherche le poids ou la qualité ou les deux ? Aptus s’oriente sur les deux !
Aptus parle d'avoir une attitude responsable de jardinier bio. En revanche votre produit phare (Regulator) est fait d'acide silicique ce qui sonne vraiment chimique. Est-ce que vous n'êtes pas en contradiction ?
Non, car il est possible de l'utiliser en agriculture biologique. Dans la nature ce produit à base d’acide silicique monomère, n'existe pas vraiment. On le trouve dans l'eau minérale à faible concentration dans une composition pas vraiment stable qui est difficile de conserver longtemps. On a donc copié la nature. La base est un produit totalement naturel, on l'a synthétisé pour le concentrer et stabiliser et finalement d’en faire un produit : le Regulator. Sans ces procédés de synthèse il est impossible de stabiliser ce produit. Il faut noter que tous les composants dans le Regulator sont de qualités alimentaires et/ou pharmaceutiques.
On t'ouvre le micro : Est-ce que tu as un truc à dire aux lecteurs d'Hortinews ?
Ce que je vois dans cette industrie c'est que les gens dépensent beaucoup d'argent dans des équipements onéreux : des systèmes d'éclairages, de dosages automatiques etc. Mais ils oublient souvent l’importance des nutriments. Le plupart des personnes se laissent guider par le marketing. J'aimerais conseiller à tes lecteurs de revenir à la plante : qu'est-ce qu'elle assimile ? Quels sont ses besoins ? Quand en a-t-elle besoin ? Il faut porter plus attention aux ingrédients, leurs origines , les concentrations du produit (engrais ou booster), qu'au marketing avec des jolies étiquettes et emballages. C'est important, surtout si tu veux faire le bon choix. Si on n’est pas formé, on risque d’être victime du marketing. Une personne éduquée sait exactement ce qu’elle veut et ne se laissera pas influencer par un marketing trompeur. Si cette industrie veut avancer, elle ne doit pas oublier les nutriments. L'horticulture professionnelle est dominée par de grosses sociétés qui produisent des engrais chimiques et des pesticides. Ces sociétés font de l'argent sur la mauvaise santé des plantes. Chez Aptus on essaye de se concentrer sur la partie bonne santé, et pour obtenir cela il faut vraiment qu'on apprenne aux gens : que veulent-ils manger ? et comment arriver à une production plus saine et plus durable.
Tous les jours on nous parle de nourriture bio et des problèmes de contamination des nappes phréatiques ! Mais les beaux arguments marketings des sociétés séduisent toujours... D'un côté il y a une grande majorité de la population qui est consciente que les choses doivent changer et que nous devons revenir à un style de vie plus naturel. Mais par ailleurs ils n'agissent pas. Ils veulent le faire, mais ils ne le font pas !
Par exemple nous avons des clients qui nous demandent des solutions pour réduire l'utilisation des fongicides dans leur serre. On leur donne des alternatives pour améliorer la résistance des plantes de manière préventive plutôt qu'un traitement chimique. Les distributeurs s'en trouvent mécontents : ils pensent qu'ils vont vendre moins de fongicides et donc ont moins d’envie de distribuer un produit qui améliore les résistances de la plante. C'est un peu l'histoire du moteur à vapeur quand la technique du moteur à combustion est apparu. Il y a eu une volonté claire de faire perdurer les machines à vapeur au début car les gens ont eu peur de la nouveauté. Quand on discute avec un agriculteur ou un jardinier qui utilise depuis toujours les mêmes produits chimiques et qu'on lui conseille de les réduire de moitié, sa réponse est "Je fais ça depuis 20 ans, si je vous écoute les choses vont mal se passer". On a fait des tonnes d'essais, de tests de nos produits sur les plantes et sur des champs, donc on lui montre nos résultats. On lui prouve qu'avec notre approche et en utilisant nos produits on améliore la santé des plantes ce qui permet de réduire d’une manière significative l'utilisation de pesticides et qu'il y aura beaucoup moins de résidus de ceux-ci dans les plantes, les fruits et les légumes.
Le truc le plus étonnant qu'on a remarqué dans nos tests, c'est que les plantes sont souvent stressées par l'emploi des pesticides. Comme elles sont stressées, elles produisent moins ! C'est un discours qu’on n'entendra pas des multinationales qui sont présentes sur le marché. On a fait beaucoup de recherches et on montre les résultats aux agriculteurs et aux jardiniers. Le résultat d'un stress sur une plante est, par exemple, une transformation de protéines réduites. C'est pour cela que quand on applique les pesticides, on essaye toujours de combiner avec des acides aminés pour aider la plante à résister au stress.
Je ne dis pas qu'on doit absolument vivre sans aucun pesticide. En revanche on peut vivre avec une gestion intégrée et raisonnable de ceux-ci et surtout supprimer leur utilisation préventive. C'est un truc de fou : est-ce que tu vas prendre un médicament si tu n'es pas malade ?
Si on apprend aux gens comment donner à manger aux plantes et comment les stimuler correctement, elles auront beaucoup moins de soucis et du coup il y a moins de besoin d’utiliser tous ces pesticides. C'est du marketing : je vous fait très peur et après je vous dit que seule cette pilule saura guérir ce qui risque de vous arriver. Mais si vous êtes formé correctement vous allez me répondre d'aller me faire voir, qu'avec deux litres d'eau par jour, une alimentation saine et une bonne nuit de sommeil, le problème peut se régler également. C'est le point qui nous motive vraiment chez Aptus : tu sais que tu fais du bien parce ça va affecter ce que les gens mangent.
Une dernière chose que je voudrais dire aux lecteurs : parfois les utilisateurs pensent que l’usage de nos produits est difficile car la concentration de nos engrais et additifs est très élevée. Les distributeurs/magasins nous disent que comme les clients pensent que c'est difficile, ils peuvent avoir du mal à en vendre. Nous voudrions dire que ce n'est pas difficile même si ça peut en avoir l'air. Une fois qu'on a testé on se rend compte que ce n'est pas si compliqué. Nous sommes disponibles pour répondre aux questions. Il ne faut surtout pas hésiter à nous demander. Nous sommes toujours présents pour aider et répondre. Nous avons aussi rédigé dans ce sens le "Manuel Aptus" pour les jardiniers (NDRC : il fait environ 50 pages avec pas mal d’illustrations). Plus orienté vers les techniciens agronomes nous avons commencé la rédaction d’un livre beaucoup plus détaillé (NDRC : environ 150 pages et surnommé la "bible Aptus", c'est très complet).
En fait la connaissance et sa diffusion sont reines, c'est aussi simple que ça. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. Donc si on arrive à faire ouvrir un œil à tout le monde, tout le monde sera roi !
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